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Les affranchissements sont le résultat d’une longue maturation philosophique, économique et politique. Déjà, au cours du XVI° siècle, le Piémont avait bénéficié d’une réforme supprimant pratiquement les droits seigneuriaux. La Savoie cependant continuait de vivre sous ces contraintes vieilles de plusieurs siècles et de plus en plus mal vécues par la population. Victor Amédée II espérait que la grande réforme du cadastre lui permettrait de régler une fois pour toute le problème de la subsistance des droits féodaux. En effet la mise en place du cadastre comportait l’obligation pour les seigneurs de fournir l’état de leur fiefs. La cadastration ne put cependant résoudre une situation complexe et héritière de traditions moyenâgeuses. Il fallut donc attendre quelques années et recourir à une opération spécifique orientée vers cet unique objet. Ce sera son fils Charles Emmanuel III qui commencera l’opération. En 1771 paraît l’édit d’affranchissement qui provoqua aussitôt une levée de bouclier de la part de la noblesse savoyarde qui se voyait dépossédée de ses prérogatives et de ses droits. La mort de Charles Emmanuel en 1773 n’interrompit pas la réforme, et, après une période d’apaisement et d’hésitation, la noblesse dut se plier aux exigences du souverain. Les affranchissements ne posaient pas seulement le problème de la perte de revenus qu’allait subir la noblesse. Ils étaient insupportable aux yeux de celle-ci parce qu’elle brisait la relation de dépendance qui unissait le seigneur à ses vassaux, le noble au roturier ou au favetier.

Les affranchissements sont intéressants pour l’histoire locale, car les seigneurs firent établir la liste de leurs fiefs par des spécialistes. Ceux-ci reprirent les vieux terriers, les donations, les successions, les albergements etc. et remirent à niveau l’état des droits seigneuriaux à la date des affranchissements. Cette rénovation dûment consignée dans les archives savoyardes était obligatoire pour prouver au pouvoir souverain la réalité des anciens droits. La plupart des documents prouvant l’ancienneté des fiefs ayant été brûlée à la Révolution, il ne nous reste plus que ces « preuves administratives » pour faire revivre l’histoire d’une domaine.
Dullin dépendait de Marc Antoine de Troche marquis de Verel et de Dullin qui produit ses inventaires le 9 juillet 1733, devant la Chambre de la délégation aux affranchissements. Dullin devait aussi un certains nombre de servis aux chanoines de Saint Jeoire (Prieuré) qui présentèrent leurs inventaires le 27 avril 1732.
Malgré leur difficulté de lecture et leur aridité, ces textes nous donnent une idée du découpage seigneurial jusqu’au moyen âge, puisque le plus ancien des texte évoqué date de 1309. Ils nous donnent aussi un aperçu de la pérennité des noms de famille et des noms de lieux, qui, pour certains, sont restés inchangés depuis plusieurs siècles.
Vous trouverez ci-après les textes concernant Dullin. Ils sont expurgés des formules itératives qui n’apportent rien à la compréhension du texte. l’orthographe a été respectée dans la mesure du possible, les accents ont cependant été rajoutés ainsi que la ponctuation nécessaire à une lecture « actuelle » de ces actes qui affichent gaillardement leurs 250 ans.
Quelques pages sont mises en pièces jointes pour voir et « sentir » le document tel qu’il se présente. Un des états contient même une transcription en latin de l’intégralité d’un acte qui a été présentée telle-quelle, sans traduction. Celle-ci sera faite ultérieurement et mise en ligne dès que possible.